Charte de Neuchâtel

Vue aérienne de Neuchâtel.

Die Transkription lautet:

Sachont tuit cil qui veront ces presentes lestres que je, Girar, fiz Aubertin
dit de la Tort, donzez de Nuf_chastel, hai dona hà Martin, fiz Donnier, borgés de
Nuf_chastel, à lou et à ces hert, à cens port dozez diniers de la monee de esteve-
nens tot lou tinement lou quel donz Roz de Corfranou tiniert de
Aubertin, mon parre, in terra, in praz, in chans, in chesauz, in arbres et in
autres choses. Et covent li hai per ma foi donae estre bons werenz de
cesta chosa devanz dita encontres toz, lou et hai ces hers.
Übersetzung:

Que tous ceux qui verront ces présentes lettres sachent que moi, Girard, fils d'Aubertin de la Tort, jeune homme de Neuchâtel, j'ai donné à cens pour douze deniers 'estevenant' à Martin, fils de Donnier, bourgeois de Neuchâtel, et à ses héritiers, tout ce que monseigneur Rodolphe de Coffrane tenait d'Aubertin, mon père, que ce soit en terres, en prés, en champs, en terrains, en arbres et en toutes autres choses. Et j'ai pris l'engagement auprès de lui, par ma foi donnée, de garantir cet acensement à lui et à ses héritiers contre tous.

(« Estevenant » :Nous avons opté pour cette traduction, car les types de monnaies ne sont pas spécifiés dans les traductions. De plus, nous ne pouvions raisonnablement pas traduire par "douze deniers de la monnaie frappée à l'effigie de Saint-Etienne". En outre, il est difficile d'établir la valeur de cette monnaie compte tenu du fait que les valeurs des monnaies étaient très variables durant cette période.)

Remarques grapho-phonétiques
Ce document propose un certain nombre d'éléments caractéristiques de la scripta francoprovençale. Remarquons tout d'abord la présence des finales en qui apparaissent dans terra, dans le syntagme cesta chosa à trois reprises et du participe passé féminin dita (du verbe dire). Ces exemples illustrent le maintien de cette voyelle finale inaccentuée. Cette conservation en francoprovençal se relève également en occitan tandis qu'en français cette voyelle s'affaiblie en /ǝ/avant de disparaître. Le traitement français est illustré dans le texte par choses (l.5).
Par ailleurs, les substantifs parre (l.4; < lat. 'patre) et praz(l.4; < lat. 'pratu), le toponyme Fontanna Andrer (l.9; < lat. fon'tanna), le participe passé dona du verbe doner (l.2; < lat. donnatus) illustrent le maintien de 'a[. On notera les participes passés féminins donae et sielaes (du verbe sieler"sceller").

Toujours au niveau du vocalisme, il faut relever les finales en ou dans honestou, quatrou et le toponyme Corfranou. Ce trait phonétique illustre la tendance de l'ancien francoprovençal à conserver le timbre des voyelles finales.
Notons l'issue de la nasalisation de i en [ĩn] (au lieu de [ãn]) dans la préposition in ; le texte porte une majorité de in.
D'autres éléments de type purement graphique témoignent d'une régionalité plus faible, tels la graphie ou dans lou, douet religious, contre Seignor , le maintien du w germanique dans werenz et enfin la graphie hai pour la préposition à, alors que ha et a sont majoritaires (h n'a pas de valeur phonique). Enfin, notons la graphie très particulière des possessifs à l'initiale ces au lieu de ses. Le texte montre un maintien clair de la déclinaison bicasuelle. Relevons l'alternance de l'article défini masculin singulier et des pronoms li/lou ; notons également la présence du morphème flexionnel graphié s ou ztant dans les noms communs que dans les noms propres : W. li marchianz (l.7), li milliares (l.10), bons werenz (l.5) et le nom de personne Girardons (l.7).