Charte de Brancion


La charte est conservée aux Archives Départementales de la Côte-d'Or sous la cote B 539.

Tout comme la charte de l'abbaye de Fontenay datée de la même année, à savoir 1253, il s'agit d'un des premiers témoignages de l'écrit français en Bourgogne. Ce document notifie un engagement d'une importance cruciale pour l'avenir de la région. Il fait intervenir trois personnages. Outre (1) le duc Hugues IV de Bourgogne auprès duquel est conclu l'accord, il s'agit de (2) Marguerite de Salins, devenue dame de Brancion et veuve d'un seigneur important de la maison de Bourgogne, Jocerand, décédé trois ans plus tôt aux côtés de Saint Louis lors de la septième croisade, et (3) le fils né de leur mariage, Henri.
Confrontés à de grosses difficultés financières, Marguerite et Henri engagent la quasi-totalité de leurs biens auprès du duc en échange d'une somme d'argent considérable, à savoir quinze mille livres, versées réellement et au comptant. Le territoire concerné par la transaction couvre plusieurs seigneuries situées dans les départements actuels de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire. Si l'acte consigné a toutes les allures d'un prêt (même si le bien mis en gage est saisi et non hypothéqué), il s'agit en réalité d'une vente avec droit de rachat au même prix. Une spécificité de cet accord est l'obligation de non-aliénation du bien cédé. Ce qui signifie que le duc n'a pas le droit de donner en fief à d'autres vassaux le territoire saisi. On note par ailleurs l'absence d'indication temporelle concernant le remboursement de la somme versée en contrepartie ni même celle concernant la fin de de l'obligation de non-aliénation des biens. Or, on sait que six ans plus tard, en 1259, les seigneuries mentionnées dans notre charte entrent de manière effective dans le temporel du duc de Bourgogne, devenant ainsi une châtellenie ducale pour finalement passer à la couronne royale en 1477. Notre charte met clairement en œuvre une stratégie efficace du duc de Bourgogne en vue de l'accroissement de son temporel.

L'écriture autant que la mise en page de ce document sont typiques d'une chancellerie laïque d'une certaine ampleur. On a affaire à une cursive soignée qui comporte un nombre assez élevé de lettres faiblement ornées. La mise en page se caractérise quant à elle par des bordures étroites, des lignes assez droites et bien séparées mais non tracées au préalable ainsi que des espaces entre les mots bien marqués.