D'un gorpil et d'un colon
Paris, BNF, français 2173, folio 80rb.
La transcription est:
Ensemble pouromes mes aler,
oisel et bestes, et jouer.»
«Dont vois ge la, fait li colons.
Mes ge voi la, lés ces buissons,
deus chevaliers mult tost aler.
Et si font .iiii. chiens mener.
Li gorpils dist: Sont auques pres?»
«il chevauchent, fait il, adés.»
–«Mielz est que a cele greve voise,
que par eus aie estrif ne noise.
Ne sai s'il ont le briés oï,
qui vint dou roi, gel vos afi.
Ne m'esteust pas remuer,
s'il l'eussent oï conter.»
Si vait des felons vesiez,
qui plusors ont mult engingniez
par parole de faus sermon,
con cist volt fere le coulon.
Ligne 1, vers 19 : mes : désormais
Ligne 2, vers 20 : bestes : animal, dans l’Isopet, on retrouve parfois ce mot opposé à celui d’oiseau ; on peut penser qu'il désigne en particulier les animaux terrestres ne sachant pas voler.
Ligne 4, vers 22 : lés : près de
Ligne 7, vers 25 : auques : presque, à peu près
Ligne 8, vers 26 : adés : sans interruption, sans cesse
Ligne 9, vers 27 : greve : trou, fosse, excavation pouvant servir d’abri
Ligne 10, vers 28 : estrif : affrontement, dispute ; noise : dispute, querelle
Ligne 11 / 14, vers 29 / 32 : oi de oïr
Ligne 13, vers 31 : remüer : (se) déplacer
Ligne 15, vers 33 : felon : personne malhonnête, vile ; vesiez : habile, rusé
Ligne 16, vers 34 : engingnier : tromper par la ruse, piéger, duper
Ligne 17, vers 35 : sermon : discours, propos
Bibliographie
Halgrain, Mohan, Isopet «dit de Marie de France», Nouvelle édition critique, Université de Neuchâtel, Thèse doctorale non publiée, 2013.
Paris, BNF, fr. 2173, f. 80rb.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9058929r [10.03.21]
Trachsler, Richard, «Les Fables de Marie de France: manuscrits et éditions», Cahiers de civilisation médiévale, 44 (2001), pp. 45-63.
Vielliard, Françoise, Manuscrits français du Moyen Âge. Catalogue, Cologny et Genève, Fondation Martin Bodmer (Bibliotheca Bodmeriana, Catalogues, 2), 1975, pp. 109-119.
Warnke, Karl, «Die Quellen des Esope der Marie de France», Forschungen zur romanischen Philologie. Festgabe für Hermann Suchier, Halle, Niemeyer, 1900, pp. 161-284.