D'un gorpil et d'un colon
La transcription est:
D'un coulon conte qui jadis
se fu sor une crois asis.
Uns gorpils vint desouz, sil vit.
En haut parla si li a dit
«Por coi, fait il, siet tu lasus
en cest grant vent, car descent jus,
si siez lés moi en cest abri!»
«Ge non, par foi!», cil respondi
«Por noient as peour de moi,
si te dirai bien le por coi
Ge fui orains en un conté,
ou il ot grant pueple assemblé.
Uns briés i vint de part le roi
qui quemanda en droite foi
que mal beste à autre ne face
n'à nul oisel, ja Dex ne place
que il jamés entr'elz ait guerre.
Pes a mise en toute sa terre.
Ligne 1, vers 1 : coulon : colombe
Ligne 5, vers 5 siet / ligne 7, vers 7 siez de sëoir : s’asseoir, être assis
Ligne 6, vers 6 : car : adverbe injonctif renforçant le souhait ou l’ordre exprimé ; jus : vers la terre, vers le bas
Ligne 7, vers 7 : lés : près de
Ligne 11, vers 11 : orains : il y a un moment
Ligne 13, vers 13 : brief : lettre, message
Ligne 14, vers 14 : foi : parole donnée, assurance que l’on donne de respecter un engagement, bonne foi ; quemanda de commander ; droit : stricte, rigoureux
Ligne 15, vers 15 : beste : animal, dans l’Isopet, on retrouve parfois ce mot opposé à celui d’oiseau
Bibliographie
Halgrain, Mohan, Isopet «dit de Marie de France», Nouvelle édition critique, Université de Neuchâtel, Thèse doctorale non publiée, 2013.
Paris, BNF, fr. 2173, f. 80ra.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9058929r [10.03.21]
Trachsler, Richard, «Les Fables de Marie de France: manuscrits et éditions», Cahiers de civilisation médiévale, 44 (2001), pp. 45-63.
Vielliard, Françoise, Manuscrits français du Moyen Âge. Catalogue, Cologny et Genève, Fondation Martin Bodmer (Bibliotheca Bodmeriana, Catalogues, 2), 1975, pp. 109-119.
Warnke, Karl, «Die Quellen des Esope der Marie de France», Forschungen zur romanischen Philologie. Festgabe für Hermann Suchier, Halle, Niemeyer, 1900, pp. 161-284.