D'un coc et d'un gorpil
La transcription est:
Il le fist miex car il cloingna.»
«Si pui ge faire», dist li cos.
Les eiles bat, et les yoz clot.
Chanter quida plus clerement.
Li goupilz saut avant, sel prent.
Ver la forest od tot s’en va.
Parmi un champ ou il passa,
corrent aprés tot li pastor.
Les chiens li huient tot entor.
«Vez le goupilz qui le coc tient !
mar l’emporta, se par ci vient !»
«Vas, fait li cocs, si lor escrie
que je suis tiens, n’en lairas mie !»
Li goupils vout crier en haut
et li cocs de sa buiche saut.
Sur un haut fust s’en est montez.
Quant li goupilz s’est regardez,
molt par se tint enfantilliet,
que li cocs l’a si engigniet.
de maltalent et de droite ire,
la buiche comence à maldire
qui parole quant devroit taire.
Li cocs respont: «Si doi ge faire
maldire l'uel qui vuet cloingnier,
à l’eure qu’il devroit gaitier
que mal n’aviengne à son signor.»
Si font li folz tot li pluisor
parolent quant deussent cesser,
taisent quant deussent parler.
ligne 1, vers 10 : cloingna de cluignier : fermer les yeux
ligne 2, vers 11: cos : coc
ligne 4, vers 13 : quida de cuidier : penser, croire
ligne 9, vers 18 : huient de hüer : crier
ligne 11, vers 20 : mar : malheureusement, pour son malheur
ligne 13, vers 22 : lairas de laissier : laisser
Bibliographie
Halgrain, Mohan, Isopet «dit de Marie de France», Nouvelle édition critique, Université de Neuchâtel, Thèse doctorale non publiée, 2013.
Paris, BNF, fr. 1822, f. 210vb.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8425997k [10.03.21]
Trachsler, Richard, «Les Fables de Marie de France: manuscrits et éditions», Cahiers de civilisation médiévale, 44 (2001), pp. 45-63.
Vielliard, Françoise, Manuscrits français du Moyen Âge. Catalogue, Cologny et Genève, Fondation Martin Bodmer (Bibliotheca Bodmeriana, Catalogues, 2), 1975, pp. 109-119.
Warnke, Karl, «Die Quellen des Esope der Marie de France», Forschungen zur romanischen Philologie. Festgabe für Hermann Suchier, Halle, Niemeyer, 1900, pp. 161-284.